dimanche 9 mars 2008

Un connard qui se croit meilleur que les autres; J. Heuchel

le 09.03.90

Une journée de plus pour Jean-Jacques à attendre. Il est en extrême urgence jusqu'à jeudi. L'attente devient pénible, no pas que Jean-Jacques aille mal, mais parce que chaque jour qui passe est un jour perdu. J'espère qu'il sera vite opéré et que tout se passera bien. C'est un ami, un vrai. Il attend depuis seize mois mais on ne peut rien y faire. Dans ces moments j'aimerai croire en Dieu pour au moins prier pour lui. Pourtant, mon éducation aurait dû me donner la foi. Dans une école catholique l'instruction chrétienne a beau être obligatoire elle n'est pas plus performante que le reste du système éducatif. En fait j'ai rejeté les chrétiens plus que Dieu. Il n'y a rien qui m'énerve plus qu'un connard qui se croit meilleur que les autres parce qu'il va à la messe chaque dimanche,alors qu'en dehors de l'église il se comporte en fils de pute. Il n'y a rien qui m'énerve plus qu'un prétentieux qui croit gagner un ticket pour le paradis en donnant chaque semaine une ou deux pièces aux clodos. Il n'y a rien qui me fasse plus peur que le fanatisme religieux ; l'intolérance du chrétien est souvent sans limite. "Dieu ou l'épée", ce n'est pas le message du Christ, que je sache. Je hais ces gens dont la vie est facile et qui sont sûrs que c'est la volonté divine qui les guide. C'est aisé de dire que la famine dans le Tiers Monde est là pour éprouver l'humanité quand on bouffe à sa faim. Et si telle est réellement la volonté de Dieu, il a une bien curieuse manière de concevoir l'amour. Pourtant, je ne pense pas que le monde, la vie, soient le fruit des lois mathématiques pures. Que l'intelligence soit éphémère et qu'il n'y ait rien après la mort. Quelqu'un ou quelque chose doit provoquer , non, le mot est inexact, disons créer les événements. Faute d'en savoir plus je le nommerai destin ou hasard. Attention je pense que l'homme est libre de choisir sa vie, ou du moins qu'il a souvent la vie qu'il s'est forgée (qu'il mérite ?).
Mais,si la vie a un sens, alors chacun d'entre nous doit avoir une tâche à remplir, une mission, un but. Pourtant quand je repense à ce qu'a été la vie de certaines personnes, je ne vois vraiment pas se qu'elle a pu apporter à part la souffrance et la douleur. A moins que cette souffrance ait été un destin.
Si tel est le cas, alors, comme Zadig, je ne comprends pas les desseins de la providence.
En attendant une éventuelle réponse je pense que chacun doit, en son âme et conscience, se choisir une ligne de conduite et s'y tenir du mieux qu'il peut. Chacun doit tenter de refouler la haine et la méchanceté qu'il a au plus profond de lui, pour devenir, par la force de sa volonté, un type bien. Rousseau avait tort, l'homme ne naît pas bon. L'homme naissant est une pourriture. Un homme qui vivrait hors d'une société ne serait sans doute pas un bon sauvage mais un être cruel, cupide, vaniteux, avide de pouvoir et de sexe.Seule la société, en enseignant la morale, peut permettre à un enfant de comprendre qu'il est abominable et gratuit d'arracher les ailes des mouches ou de les noyer dans l'eau bouillante. l'enfant est un monstre sans coeur, sadique et égoïste tant qu'il n'a pas fait l'expérience de la vie en société et des brimades. En réalité, plus que la société, c'est la civilisation qui permit à l'homme de ne pas vivre dans l'anarchie la plus primaire.
Bien sûr, de la vie en société naît la propriété et donc la jalousie, le désir d'amasser et l'exploitation de l'homme par l'homme. Mais cette exploitation est surtout réelle dans les pays pauvres, sous-développés. Elle n'est pas dû à la vie en société mais plutôt à un retard de civilisation. Bien sûr, le système actuel n'est pas la panacée mais c'est déjà un net progrès. Et si moi, muco, faible et malade, je suis en vie aujourd'hui c'est grâce à la science, mais aussi à la société qui accepte de m'aider et d'en payer le prix. M'est avis que chez les bons sauvages de Rousseau on m'aurait vite noyé dans un ruisseau pour ne pas traîner un enfant diminué.

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