vendredi 2 mai 2008

Bataille ! J. Heuchel

le 02.05.90

Comme dirait Pangloos : " Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes". depuis que je suis rentré chez moi je revis ! J'ai rendu visite à mes copains, ils m'ont rendu visite. j'ai eu une voiture. je vais au cinéma (pas assez, mais bon...). Mes cousines vont me pirater une demi-douzaine de films que je préfère. je vais bien physiquement et moralement. tellement bien que dimanche (le 29.04.90), lorsque mes cousines sont venues à la maison comme chaque semaine et qu'elles m'ont invité à passer la nuit chez elles, ma mère n'a pas refusé.
Et Dieu sait que ma mère, qui s'inquiète toujours beaucoup pour moi, ne me laisse pas facilement dormir hors de chez moi, sans oxygène la nuit !
En fait, c'est, si mes souvenirs sont bons, la première fois que je dormais sans surveillance (de ma mère ou d'une veilleuse de nuit) depuis août 1988 !
Même si cette nuit là je n'ai pas très bien dormi (bon dieu, comme il faisait chaud !), tout cela avait un goût exquis de liberté. ça fait du bien de voir que l'on peu survivre à une nuit sans oxygène.
L'influence de Giens, l'ambiance muco s'estompent peu à peu.
Je recommence à m'intéresser davantage aux jeux de rôles. Pendant un temps préparer un scénario m'aurait horripilé. Cette semaine je vais en préparer deux. Un pour Eric, Olivier et un joueur novice; l'autre pour mes cousines. pour être juste, je vais utiliser deux fois la même histoire en la transposant dans deux jeux différents avec deux degrés de difficulté différents.
Mon esprit bouillonne d'idées. La créativité est vraiment exaltante. Chercher les bases d'une intrigue, définir les différents protagonistes avec leurs qualités, leurs défauts et leurs envies, c'est un peu comme de se sentir un dieu. Puis, après avoir imaginé l'énigme, inventer des péripéties, parsemer l'histoire d'indices, faire aller le rythme du jeu crescendo jusqu'au final ! devenir scénariste. Puis, imaginer le cadre de l'histoire. Le décor. Les habitations. devenir architecte. Puis, vérifier la logique de l'ensemble, prévoir les réactions éventuelles des joueurs comme des autres personnages de l'histoire. enfin, imaginer l'histoire, la grande histoire des contrées traversées par les joueurs et devenir historien, politicien et économiste. Tout cela fait partie aussi du plaisir du jeu de rôles. C'est une sorte de prologue au jeu. j'avais oublié cette sensation d'euphorie lorsque, le scénario terminé, on se dit qu'on va passer un bon moment à le faire jouer.
Et, en emmagasinant les bons moments comme ceux-là, l'esprit se charge sur une batterie. lorsque le moment sera venu, ce sont ces souvenirs-là qui m'aideront à supporter les désagréments de la greffe.
C'est ce mois passé à la maison qui, en me redonnant un aperçu de la vraie vie, hors d'un monde où les uns sont en blouse blanche et les autres en pyjama (quoique à Giens ces derniers soient vraiment rares), m'aidera à tenir car il m'aura rappelé pourquoi je me bats.

Aucun commentaire: