jeudi 21 août 2008

Sagesse J. Heuchel

le 21.08.90

J'écris dans l'avion qui m'emmène vers Giens. Je repars pour faire une cure d'antibiotiques après une vingtaine de jours passés à la maison. ces semaines m'ont permis de me refaire psychologiquement. bien que les événements soient assez sinistres. Juste avant mon départ, j'ai appris que Guy est à nouveau intubé, en attente d'une seconde greffe. jean-Jacques est toujours dialysé et fait, en plus, des convulsions nerveuses. Enfin René-Dominique, un muco en pleine forme (par rapport à moi), a eu un accident de moto très grave. ça ne m'étonne pas réellement. Il a toujours aimé la moto. Il avait une 750 cc F2R. Je ne sais pas exactement ce que F2R veut dire, mais je sais que ça va vite et qu'il ne se privait pas de pousser sa machine.
Cela servira peut-être d'exemple aux autres dangereux motorisés de la bande. Peut-être vont-ils comprendre que la muco ne protège pas des accidents, ni du reste...
Le ciel est dégagé, Mille deux cents mètres sous moi. La France glisse tout doucement. Je survole le Massif central, à mon avis. C'est superbe. Ah ! Voler ! Le rêve d'Icare...
Malgré tous ces problèmes - sans parler des problèmes politiques en Irak et dans le Golfe qui risquent de nous plonger dans la guerre; et pas dans une guérilla lointaine, mais une vraie guerre où nous serions partie prenante et qui peut durer des mois ou des années... - je me sens bien. Enfin, je me sentais bien jusqu'à ce matin. Pour l'instant, je me demande comment je vais retrouver le Coty. Chaque fois que je pars j'ai toujours peur que se soit la dernière. Mais cette crainte se dissipera dès demain, ainsi que le regret de la douceur et de la quiétude de la maison, dès que je me serai réadapté au Coty.
Un film est beaucoup dans cette sérénité (oui, ça fait un peu grandiloquent, mais c'est le mot). C'est Jésus de Montréal, que j'ai vu sur Canal + deux jours après mon retour. Avec le temps, je prend conscience que ce film m'a marqué. Non pas que je veuille me faire curé ou moine bénédictin. Mais il se dégage de cette oeuvre une indiscutable leçon de vivre. Bien sûr, c'est en gros l'application des préceptes chrétiens, mais ils ont été, dans le film, débarrassés de leur dogmatisme arrogant pour devenir conseil. Ainsi, le héros du film, un acteur qui incarne Jésus dans une pièce de théatre à Montréal (d'où le titre) (CQFD), déclare : "Personne n'ajoute une heure à sa vie en s'inquiétant" ou encore : "La vie n'est complexe que si l'on vit pour soi; elle devient simple dès que l'on contemple l'autre."
L'avion descend à toute vitesse. C'est bientôt l'atterrissage. Je vais essayer de prendre une photo si on survole l'hôpital et la presqu'île.
Ainsi donc, j'ai décidé de ne plus m'inquiéter. L'inquiétude n'aboutit à rien, ni pour soi, ni pour les autres. Sans, bien sûr, tomber dans l'excès inverse : l'égoïsme. Simplement, vivre pleinement les bons moments, aider les autres en les soutenant si c'est possible et donner un sens à sa vie : devenir meilleur et plus sage.

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