vendredi 29 août 2008

Sacrée soirée J. Heuchel

le 29.08.90

"Il faut tout essayer". cette phrase on l'entend souvent ici, où l'urgence de la découverte des plaisirs de la vie prend des proportions apocalyptiques.
J'ai souvent considéré comme des fous, des inconscients immatures, ceux qui, régulièrement, se défoncent avec un peu tout ce qui leur passe sous la main.
Mais, hier soir, j'ai "enrichi" mon expérience personnelle des plaisirs de la vie. La soirée, pourtant, n'avait rien d'extraordinaire. Invité à prendre l'apéro chez une copine : banal; pas d'anniversaire ou de 14 juillet. Pourtant, j'ai pris la plus grosse cuite de ma vie.
Gin-orange, Marie Brizard, Tequila frappée, wisky, gin pur, deuxième gin pur, wisky-gin. Fin de soirée. Et encore, le wisky-gin m'a été servi alors que je croyais boire du gin pur. Je n'ai rien remarqué ! On est partis vers minuit, alors que, théoriquement, nous n'avions pas de permission au-delà de 10 heures.
Une fois au Coty, je me suis couché. Je me suis relevé peu après pour dégueuler. Et je me suis réveillé ce matin dans mon lit avec une nausée et un mal de crâne lancinant.
Les autres m'ont raconté : ils m'ont retrouvé endormi (enfin à moitié dans un coma éthylique) sous le lavabo, le tuyau d'oxygène arraché, trempant dans un mélange d'eau et de gerbe... Joli tableau. Même King n'est pas allé aussi loin ! Bref, ils m'ont recouché et je me suis réveillé sans trop savoir ce qui s'était réellement passé.
Car, ce soir, en discutant avec les autres, j'ai appris que, complètement bourré, j'avais fumé. Et "pas des cigarettes", comme dit la formule consacrée. Evidemment, je comprend mon état. Avec un poids de quarante trois kilos trois cents, l'alcool et l'herbe ça vous fracasse...
Voilà une sacrée soirée et une sacrée journée. Ici, tout le Coty est au courant, sauf l'interne et quelques infirmières. Toutes la journée, ils m'ont regardé comme une bête curieuse. Faut dire qu'avec mes beaux discours sur les loisirs sobres (ah ! les jeux de rôles), j'avais plutôt l'air con aujourd'hui. Bref, j'étais l'attraction du jouir.
"Ces types, tu leur donnerais le bon Dieu sans confession et voilà ce qu'ils font. Pourtant, tu croirais pas, à les voir". cette phrase a bien dû être prononcée cent fois aujourd'hui.
Ainsi, ma réputation de sérieux et de sobriété en a pris un sacré coup. Et moi qui aime provoquer, ça ne m'a même pas fait rire ! J'étais plutôt honteux. Boire un verre ou deux, oui. Mais là, non. Et j'ai fumé ! Moi qui ai toujours trouvé ça d'une stupidité rare ! En fait, ça fait peur de voir ce que tu peux faire sous l'emprise de l'alcool.Perdre le contrôle de soi à ce point, c'est terrifiant.
Me serai-je mis à danser nu sur la table si on me l'avait proposé ?
J'ai fumé. Je me suis autodétruit. deux ou trois gin secs de plus et je me réveillais en réa. Quatre ou cinq de plus et je ne me réveillais pas. Comme diraient les manifestants étudiants de 1986 : "Plus jamais ça !"
Ce soir, Stéphane Adam est venu me voir avec sa copine. Comme ça . Pour une surprise, ce fut une surprise !
La dernière fois, j'étais déshydraté. cette fois, j'avais la gueule de bois. Bonjouir la prochaine visite !
Enfin, j'espère bien que nous allons partir en Corse lundi prochain, le 3. Cette courte soirée, sans alcool, fut tout aussi agréable que l'autre et même plus. On a bien rigolé. Fait un humour si noir que même moi j'ai été choqué, à un moment, lorsqu'en parlant de Laurent, François a déclaré, avec son cynisme habituel : "Finalement, il était sympa. La veille de sa greffe, il m'a offert des chamallow..."
Ah ! L'humour ! C'est le bien le plus précieux des mucos. Avec l'humour, tu peux tout véhiculer : sympathie, haine, réflexion, critique et même amour. Je crois que tant que l'on te dit que "t'as bien fait de prendre une cuite maintenant, parce qu'après la Corse (où je risquerai pneumo, hémoptysie, surinfection, coma éthylique) il sera trop tard", c'est tout à fait aussi efficace qu'un sermon, moins hypocrite, plus élégant, et c'est une façon tout aussi authentique de communiquer des sentiments.

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