lundi 8 septembre 2008

la Corse J. Heuchel

le 08.09.90

Les dernières journées furent parmi les plus belles de l'année. Je m'énervais sérieusement au Coty, seul. Dimanche soir, quand Stéphane est arrivé, il l'a tout de suite vu.
Mais la beauté de la Corse, la gentillesse et le dévouement des organisateurs m'ont vite déridé.
J'ai une forme éblouissante (enfin, restons modeste: je suis à mon top niveau, disons). J'ai repris confiance, en partie, dans mes capacités physiques. Ces derniers jours j'ai fait beaucoup de marche et je me suis initié à la pratique du "catamarant" (je n'ai aucune idée de l'orthographe). ce sport est fabuleux. Aucune contrainte. L'espace, l'eau, la mer sont à toi. pas de lignes préconçues à suivre. Pas d'étape. Juste l'espace maritime, le vent et le bateau. Inoubliable. La Corse recèle également une grande variété de paysages: maquis d'épineux, paysage de montagne à la végétation étonnamment verte, ravins abrupts... En moins de vingt kilomètres, on passe de la plage à cinq cent mètres d'altitude. Pour moi, issu de mes plateaux normands, quel contraste dans le relief !
Un voyage splendide. Je craignais de ne pouvoir tout faire et finalement, à part l'équitation, j'ai fait autant de choses que les autres. je ne regrette vraiment pas le temps perdu à Giens. J'ai juste un peu de remords d'avoir laissé tomber Law et Aude juste avant la rentrée. Mais elles sont intelligentes, connaissent Giens, et je suis sûr qu'elles me comprennent.
La vie ressemble à du cinéma, disais-je l'autre jour. Cette impression va en s'emplifiant. hier, le centre a failli être la proie des flammes. La tour infernale Corse ! Le film catastrophe où un incendie monstrueux ravage la pinède avec, comme morceau de bravoure, l'évacuation d'un groupe de jeunes adultes handicapés en vacances. Sans rire, c'était presque ça.
Au moment de dîner, on nous a avertis, très calmement, que le feu menaçait (surtout pour nous qui avons les bronches sensibles) et qu'il fallait évacuer. c'est le directeur qui a pris en main les opérations, avant même l'arrivée des pompiers. L'évacuation c'est bien passée. J'ai eu le temps de prendre Walkman, appareil photo et "eurosignal", mais j'ai oublié mes papiers. On s'est tous retrouvés à Calenzana, dans le restaurant tenu par les parents de Mme Fourmy (enfin, je crois). les Corses ont été formidables. Nous avons logé dans un hôtel. La solidarité de ces gens est exemplaire. Au restaurant, on nous a offert boissons et sandwiches au jambon et on a tout fait pour nous être agréables. En plein incendie, les responsables qui ne défendaient pas le centre contre les flammes (avec les pompiers) sont remontés là-haut chercher l'extracteur d'oxygène pour que Martine (une mucotte extrêmement sympathique et intelligente) et moi ayons de l'oxygène durant la nuit !
Et pendant que l'on s'endormait à l'hôtel, tous ont lutté contre le feu. Finalement, le centre a été épargné, la route ayant fait office de pare-feu.
Et ce soir, c'est dans ses murs que j'écris.
En tout cas, ce fut une expérience enrichissante quant à la solidarité de ces gens. Une leçon de courage et de force morale rare. Dans la soirée, j'étais partagé entre le respect du drame de ces gens (moi, je ne perdais que quelques habits, des livres et mes papiers; eux, tout) et mon envie de faire des photos : photos souvenir ou photos témoignage. A moins que ça ne soit que de la fascination pour le feu, fascination que j'ai toujours plus ou moins éprouvée. " M'enfin" certainement pas au point de cautionner ces criminels qui font ressembler la forêt à un paysage lunaire et ce, en étant presque sûrs de ne pas être pris. Ce sont des lâches, des inconscients, des malfaisants, des sous-merdes du genre humain.
Ce soir on a réintégré le camp. Demain on se lève à 7 heures pour prendre le bateau à 9 heures. Nous allons faire une croisière en mer - splendide, m'a-t-on dit. Pour l'instant, les autres se sont fait une ambiance "boite de nuit" au rez-de-chaussée. Je ne sais pas pourquoi, mais ce genre de soirée m'énerve et m'angoisse en même temps. A tel point que je les ai tous laissés en bas (Stéphane, Martine, Juliette, François, enfin les meilleurs) et que je suis remonté ici ruminer une rage partiellement incompréhensible.
Partiellement, car la jalousie de ne pas pouvoir danser n'explique pas tout. il y a autre chose sur quoi je ne parviens pas à mettre le doigt.

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